Maintenant, nous allons voyager dans le temps afin de comprendre l'édification du Pavillon Chinois de L'Isle-Adam.
Tout d'abord l'historique...
Toute une série d'évènements entre en jeu depuis le projet de la construction, en passant par l'édification en elle-même pour enfin arriver jusqu'à nous. Comme nous le verrons plus tard, le Pavillon Chinois de L'Isle-Adam n'est qu'un élément qui devait ponctuer un immense parc qui, de fait, n'a jamais été achevé.
t voir le lien suivant : http://www.parcsafabriques.org/cassan/affichePC.htm
plan actuel du parc de Cassan
Le Parc de L'Isle-Adam, connu également sous le nom de Parc de Cassan (nom de l'un de ses anciens propriétaires) est un exemple parmi d'autres parcs à fabriques dont il ne reste qu'un seul monument.
Mais venons-en à l'historique...
C'est en 1778 que Pierre-Jacques Bergeret de Grancourt (1742-1807), fils d'un riche receveur général des finances originaire de Montauban et amateur d'art, achète le domaine de Cassan à son cousin Pierre-Alexandre de Cassan. Il a dès lors le désir de construire des amènagements fastueux sur un terrain immense. Mais, en fin de compte, il n'en réalisera qu'une partie. Cet homme est réputé avoir un certain goût pour l'art. Il connait Fragonard (peintre connu du XVIIIème siècle) et est allé en 1773, avec lui et en compagnie de son Père, passer une année en Italie où il s'est plongé dans l'art classique.
Pour pouvoir s'imaginer comment aurait pu être cet immense parc, je vous renvoie à un ouvrage dans lequel vous pourrez admirer des plans, coupes et élévations de l'époque représentant le jardin et regroupés dans une collection dite de Robert Coulon, au musée d'Aquitaine de Bordeaux. Il s'agit d'un ensemble de 42 dessins découvert par Robert Coulon en 1967 à Bordeaux.
t Fragonard et le voyage en Italie, 1773-1774: les Bergeret, une famille de Mécènes, Musée d'art et d'histoire Louis Senlecq, Somogy Editions d'art, 2001, 167p.
La réalisation des travaux dure une vingtaine d'années, avec l'intervention d'un architecte dont l'activité est peu connue : Pierre-Gilles Courtiller (élève de l'académie royale d'architecture qui remporta un troisième prix en 1731 et qui a connu l'architecte Soufflot). Bergeret emploie donc Courtiller dans les années 1780 pour la réalisation de ce projet ambitieux. Le Pavillon Chinois est construit entre 1781 et 1785, témoin d'une certaine fascination pour la Chine de la part de Bergeret.
Mais un problème d'eau, en 1790, contraint Bergeret à drainer toutes les sources environnantes faute d'un apport d'eau suffisant. En effet, l'eau constituait un élément essentiel du projet. Il a fallu l'autorisation de la commune de L'Isle-Adam pour réaliser ce dernier et drainer l'eau. La requête fut acceptée. D'ailleurs le Pavillon Chinois jouait un rôle important dans cette problématique de l'eau : le soubassement du pavillon était nécessaire pour réguler le plan d'eau (comme nous le verons plus tard).
La Révolution arrive et met fin à la concrétisation de ce projet colossal. Pierre-Jacques Bergeret est arrêté et doit vendre la majeure partie de ses possessions, dont le domaine de Cassan. Celui traversa les siècles sous la forme d'un bois autour de la demeure qui, plusieurs fois reconstruite, a été détruite pendant la guerre de 1945.
Le domaine de Cassan de nos jours
Le domaine de Cassan fut lôti en 1970. Il ne reste que les éléments suivants : le coteau, la succession des lacs, la grande pelouse ponctuée d'arbres majestueux ainsi que le pavillon chinois. Celui-ci a été restauré en 1975. Cet immense espace est devenu un jardin public constitué autour de la fabrique.
Cf : Georges POISSON, Dictionnaire des Monuments de France, 1999, Editions Hervas, p. 402-403, ISBN 2-84334-002-0
Le contexte esthétique de la construction du Parc : les jardins anglo-chinois...
Comme nous l'avons vu précédemment, se développe entre 1760 et 1820 un renouveau dans l'art du jardin. Un nouvel esthétisme apparaît en réaction contre les principes esthétiques des jardins français. En effet, on constate un rejet des formes géométriques, l'introduction du paysage et de l'aspect champêtre dans les compositions paysagères des châteaux de l'époque ainsi que l'apparition d'influences aux origines diverses qui se côtoient dans le but de créer un univers d'illusion. En effet, on y rencontre des éléments de l'art antique, égyptien, gothique....et même chinois. Nous pouvons donner les exemples suivants : le Petit Trianon, le désert de Retz, la Folie Saint James à Neuilly, le jardin d'Erménonville.
t Voir le lien suivant: http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Panorama_Jardin_de_Trianon_-_Temple_de_l'Amour.jpg
t Voir le lien suivant:http://www.chambourcy.fr/spip.php?article73
t Voir le lien suivant :
http://promenades.hauts-de-seine.net/parc-folie-saint-james4
t Voir le lien suivant :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Parc_Jean-Jacques-Rousseau
A cette époque, le jardin est considéré comme la re-création en un même endroit de différents paysages proposés par la Nature. On parle alors de "tableaux" qui se mettent en place à travers des dégagements et des jardins aménagés autour de la demeure. La sculpture intervient pour décorer cet ensemble. Le texte y est également introduit pour proposer une lecture du lieu visité.
En fait, le jardin évoque les différentes périodes : l'histoire de la Nature, celle des hommes et des civilisations...à l'échelle du monde. Sont évoqués par l'intermédiaire de la sculpture et des textes la mémoire des évènements passés (histoire des héros, les mythes, les récits modernes et antiques). Les fabriques, les ruines sont là pour évoquer l'Histoire. On prend conscience de la grandeur du monde. Nous nous trouvons ici dans un véritable microcosme où est présente toute une manière de traiter le végétal, le minéral et l'eau.
La Chine est ici considérée comme un modèle pour les Occidentaux où sont associées peinture et poésie. On assiste alors au développement du modèle anglo-chinois que les français reprennent à la Folie Saint James de Neuilly, au jardin d'Erménonville, et au Désert de Retz par exemple en y ajoutant quelques adaptions locales, avec notamment l'évocation de l'Histoire et de la littérature française. William Chambers, Hubert Robert ont participé à ce développement par leurs écris (W. Chambers) et leurs oeuvres peintes (Hubert Robert).
t Voir les liens suivants sur William Chambers : http://www.racollection.org.uk/ixbin/indexplus?session=247Xt2SnyY9&_IXACTION_=file&_IXFILE_=templates/full/person.html&_IXTRAIL_=Names%A0A-Z&person=5569#works
http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Chambers_(architecte)
t voir les liens suivants sur Hubert Robert :
http://www.insecula.com/contact/A000199.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hubert_Robert